Dans le monde de la finance, les options (d’achat ou de vente) sont des instruments dérivés puissants. Elles permettent non seulement de spéculer sur la hausse ou la baisse d’un actif, mais aussi de gérer le risque, de générer des revenus ou de couvrir des positions. Contrairement à l’achat simple d’actions, elles offrent un effet de levier — avec un capital plus réduit vous pouvez contrôler une quantité plus grande de sous-jacent — mais aussi des pièges (érosion du temps, volatilité, coûts de transaction).
Les investisseurs
expérimentés ne les utilisent pas de façon impulsive. Ils construisent des
scénarios, gèrent les “Greeks” (delta, vega, theta, etc.), et combinent des
options d’achat (“calls”) et des options de vente (“puts”) pour tirer profit
des mouvements de marché, tout en limitant les risques.
Cet article va
explorer :
- Les principes de base des options
d’achat (calls) et des options de vente (puts)
- Les usages stratégiques par les
investisseurs chevronnés
- Les astuces et techniques avancées pour
profiter des variations de cours
- Les pièges à éviter et les bonnes
pratiques
- Conclusion, puis suggestions de titres
et méta description.
1. Rappels sur les options : calls et puts
Qu’est‑ce qu’une option d’achat (« call ») ?
Une option d’achat
(call) donne à son détenteur le droit, mais non l’obligation, d’acheter un
actif (par exemple une action) à un prix fixé (le prix d’exercice ou strike) à
ou avant une date d’échéance. Le détenteur paie une prime pour obtenir
ce droit. Si le cours de l’action monte au-delà du strike, l’option peut
devenir rentable. Si le cours baisse, l’acheteur abandonnera souvent l’option
(elle expirera sans valeur).
L’avantage : une
position longue en call permet une participation à la hausse potentielle sans
engager de capitaux comparables à l'achat direct de l'action. Le risque maximal
est la prime payée. L’inconvénient : l’option perd de la valeur en vieillissant
(érosion du temps, ou “theta”), et le prix dépend aussi de la volatilité
implicite.
Qu’est‑ce qu’une option de vente (« put ») ?
Une option de vente
(put) donne à son détenteur le droit, mais non l’obligation, de vendre l’actif
sous-jacent à un prix fixe (strike) à ou avant l’échéance. Si le cours de
l’action baisse fortement, le put gagne en valeur. Pour un investisseur qui
détient déjà l’action, le put peut servir de “assurance” contre une chute du
cours (stratégie de protection).
Mais comme pour le
call, le coût est la prime payée, et cette prime se déprécie avec le temps. Si
l’action ne chute pas suffisamment, l’option perd tout son coût.
Valeur, prime, volatilité, “Greeks”
Pour tout investisseur
expérimenté en options, comprendre les composantes du prix de l’option est
essentiel :
- Valeur intrinsèque : la différence entre le cours du
sous-jacent et le strike, dans la mesure où l’option est “dans la
monnaie”.
- Valeur temps : la portion de la prime liée au fait
qu’il reste du temps avant l’échéance (plus il y a de temps, plus l'option
coûte cher).
- Volatilité implicite : une estimation du marché quant à la
volatilité future, essentielle pour évaluer le prix de l’option.
- Greeks, notamment :
• Delta : sensibilité du prix de l’option aux variations du cours de l’actif sous-jacent
• Theta : décroissance de la valeur temps avec le temps
• Vega : sensibilité à la volatilité
• Gamma, Rho, etc.
Une stratégie bien
pensée tient compte non seulement de la direction anticipée, mais aussi de la
volatilité et de l’effet du temps.
2. Stratégies courantes utilisées par les investisseurs expérimentés
Les investisseurs
chevronnés n’achètent pas simplement des calls ou puts “nus” (sans complément).
Ils combinent souvent plusieurs options pour limiter les risques, optimiser les
rendements ou ajuster leur exposition. Voici quelques-unes des stratégies les
plus utilisées.
Covered Call (vente d’option d’achat couverte)
C’est l’une des
stratégies les plus populaires : un investisseur détient déjà des actions, et
vend des calls sur ces actions pour encaisser des primes. Si l’action reste en
dessous du strike, l’option expire sans valeur et l’investisseur conserve la
prime. Si l’action dépasse le strike, il devra céder l’action (il perd le
potentiel de hausse au-delà du strike, mais a déjà encaissé la prime).
Avantages :
- Génération de revenu additionnel sur un
portefeuille passif.
- Risque limité (on possède déjà les
actions).
Inconvénient : - Si l’action explose à la hausse, les
profits sont plafonnés.
Les investisseurs
expérimentés “roll” souvent (renouveler l’option) à l’approche de l’échéance
pour capter de nouvelles primes.
Protective Put (achat d’option de vente protectrice)
Cette stratégie
consiste à détenir une action et à acheter un put sur la même action pour
limiter les pertes. En d’autres termes, le put agit comme une “assurance” : si
l’action plonge, le put compense une partie de la perte.
Avantages :
- Protection “à l’envers” dans un marché
baissier.
- Permet de conserver l’action sans subir
une perte catastrophique.
Inconvénient : - Le coût de la prime peut réduire le
rendement global, surtout si l’action ne baisse pas beaucoup.
Spreads (vertical, horizontal, diagonal)
Les spreads sont des
combinaisons d’achat et de vente d’options de la même classe mais avec
différents strikes ou différentes dates d’échéance. L’idée : limiter à la fois
les gains et les pertes, tout en réduisant le coût net.
Quelques exemples :
- Bull Call Spread : acheter un call à un strike inférieur
et vendre un call à un strike supérieur. On “parie” sur une hausse
modérée, avec un risque et gain limités.
- Bear Put Spread : acheter un put à un strike élevé et
vendre un put à un strike plus bas.
- Spread horizontal (calendar spread) : on vend et on achète des options de
même strike mais échéances différentes. On tire parti de la différence de
temps et de l’érosion de la valeur.
- Spread diagonal : mélange de changements de strike et
d’échéance.
Ces spreads permettent
aux investisseurs professionnels de mieux calibrer leur exposition.
Iron Condor, Butterfly, Straddle, Strangle
Ces stratégies plus
sophistiquées sont utilisées lorsque les investisseurs anticipent une certaine
fourchette de variation ou une forte volatilité sans savoir la direction.
- Iron Condor : combinaison de deux spreads (un bull
call spread et un bear put spread) pour profiter des marchés stables dans
une plage donnée.
- Butterfly (papillon) : achetez un call (ou put) à un strike
bas, vendez deux à un strike intermédiaire, et achetez un call (ou put) à
un strike élevé. Cible une consolidation autour du strike central.
- Straddle / Strangle : acheter simultanément un call et un
put sur le même strike (straddle) ou des strikes différents (strangle). On
anticipe un mouvement fort, mais on ne sait pas dans quelle direction.
- Risk Reversal : vendre un put hors de la monnaie et
acheter un call hors de la monnaie, pour caler une vision haussière avec
un coût limité (ou neutraliser le coût).
Chaque stratégie a ses
conditions optimales (volatilité, direction attendue, horizon temporel).
Stratégies basées sur la volatilité et les “Greeks”
Les investisseurs
expérimentés ne parient pas seulement sur les tendances. Ils intègrent la
volatilité implicite, les attentes du marché, et les “greeks”. Par exemple :
- Si la volatilité implicite est faible,
on peut acheter des options (calls ou puts), car on anticipe que le
marché va “exploser”.
- Si la volatilité implicite est très
élevée, on peut vendre des options ou utiliser des spreads crédit
pour capturer la prime élevée.
- On ajuste les positions pour maintenir
un delta neutre (neutralité directionnelle) et capter les profits
via la volatilité.
- On protège contre l’érosion du temps
(theta) en vendant des options plus proches ou en combinant avec des
spreads.
- On surveille le gamma pour
comprendre à quel point le delta évoluera si le sous-jacent bouge.
3. Astuces concrètes pour profiter des variations du cours
Voici des techniques
et “trucs de pro” que les investisseurs aguerris emploient pour maximiser les
profits sur les options :
Choisir les échéances optimales
- Ne pas aller trop court : les options très proches de
l’échéance perdent rapidement de la valeur (forte érosion)
- Ne pas aller trop loin : les options lointaines coûtent plus
cher en prime et la volatilité implicite peut être plus incertaine
- Beaucoup de traders professionnels
choisissent des échéances intermédiaires (par exemple 30 à 60 jours) pour
équilibrer le coût et le potentiel.
- Ils roulent (renouvellement) les
positions avant l’échéance si les conditions du marché changent.
Ablation partielle et prise de bénéfices
Ils ne laissent pas
une position courir indéfiniment. Quand une position a atteint un certain
profit (par exemple 50 % ou 70 % de gain), ils prennent des bénéfices partiels,
réduisent l’exposition ou déplacent leur “stop”. Cela permet de sécuriser une
partie du gain tout en laissant le potentiel ouvert.
Ajustements dynamiques (rolling, hedging)
Les pros ajustent
régulièrement leurs positions :
- Roller : déplacer une position d’option (par exemple
vendre celle à échéance proche et acheter une plus lointaine).
- Hedging : ajouter ou retirer des options pour
ajuster le delta, gamma ou vega selon les mouvements du marché.
- Couper les pertes tôt : s’il y a une forte adverse, sortir
rapidement de la position pour limiter le drawdown.
Tirer profit des annonces et événements
Les résultats
d’entreprises, publications économiques, fusions, etc., créent des volatilités.
Les investisseurs chevronnés :
- Entrent avant l’annonce une position
“straddle” ou “strangle” pour profiter du mouvement fort.
- Ou vendent une option avant l’annonce,
quand la volatilité implicite est déjà élevée, pour encaisser une prime
importante, en anticipant un retour à une volatilité plus normale.
Utiliser des modèles d’évaluation avancés
Les investisseurs
expérimentés ne se contentent pas des prix de marché. Ils utilisent des modèles
comme Black‑Scholes (ou variantes) pour “pricer” les options, calculer les vol
surfaces, détecter des anomalies de prix.
De plus, certains
algorithmes quantitatifs ou trading haute fréquence peuvent exploiter des
inefficacités de volatilité ou de prix d’options intraday (paper récent sur le
trading haute fréquence d’options le montre).
Diversification et limitation de la taille
Même les meilleurs
traders ne mettent pas tout leur capital dans une seule position d’option. Ils
répartissent sur plusieurs actions, secteurs, échéances. Ils limitent aussi la
taille d’une position à un pourcentage raisonnable de leur portefeuille (par exemple
1 à 3 % du capital).
Surveiller les “Greeks” et adapter
- Si une position expose trop au theta
(érosion du temps), ils peuvent vendre des options pour compenser.
- Si une position devient trop
“unidimensionnelle”, ils ajustent pour réduire le gamma ou vega.
- Le contrôle du “skew” (asymétrie de la
volatilité implicite entre calls et puts) permet d’identifier des
opportunités de relative value (ex : risk reversal).
4. Les pièges à éviter et bonnes pratiques
Même les
professionnels savent qu’il faut être prudent. Voici les erreurs classiques et
les principes à respecter :
Ne pas sous‑estimer l’érosion du temps (theta)
Si l’option n’évolue
pas comme prévu, la composante temps peut lui faire perdre de la valeur, même
si le cours de l’action reste stable. Il faut donc éviter de conserver des
options longues proches de l’échéance sans raison.
Ignorer les commissions, spreads et slippage
Les frais de
transaction, les écarts “bid‑ask” et les coûts de bouger la position peuvent
grignoter le profit, surtout dans les marchés d’options moins liquides.
Ne pas gérer le risque de “gap” à l’ouverture
Les marchés peuvent
ouvrir avec un “gap” (écart), ce qui peut provoquer des pertes importantes
avant qu’une position ne puisse être ajustée.
Limiter l’effet de levier excessif
Les options sont déjà
un instrument à effet de levier. Le sur‑emprunt ou l’effet de levier excessif
peut conduire à une perte totale.
Conserver des réserves de liquidité
Il faut garder assez
de marge ou de liquidités pour ajuster, couvrir ou sortir une position en cas
de retournement brutal.
Rester humble et discipliné
Même les meilleurs
font des erreurs. L’anticipation absolue est impossible. Une stratégie
disciplinée avec des règles d’entrée et de sortie, et une gestion stricte du
risque, est essentielle.
5. Exemple illustratif (fictif) – combiner calls et puts
Imaginons qu’un
investisseur expérimenté analyse une action XYZ actuellement à 100 $. Il
anticipe une annonce imminente (résultats) avec une forte variation possible,
mais sans certitude de la direction.
Stratégie “Long
Straddle” :
- Acheter un call 100 $ échéance dans 30
jours (prime 5 $)
- Acheter un put 100 $ échéance dans 30
jours (prime 4 $)
Coût total = 9 $
Si l’action monte à
120 $, le call gagne (20 − 5 = 15 $ de gain net), le put expire.
Si l’action descend à 80 $, le put gagne, le call expire.
Le point à couvrir est que le mouvement doit dépasser 9 $ dans un sens pour
être rentable.
Un investisseur
expérimenté pourrait :
- Sortir partiellement si le mouvement
dépasse 50 % du coût
- Ajuster en convertissant une partie en
spread si la volatilité devient excessive
- Vendre les positions quelques jours
avant l’échéance pour éviter l’érosion du temps excessive.
Ou bien : s’il estime
que la direction sera haussière, il pourrait opter pour un risk reversal
: vendre un put 90 $ et acheter un call 110 $, en profitant d’un crédit net ou
d’un coût réduit, tout en gardant une exposition haussière.
En somme, les options
d’achat (calls) et de vente (puts) sont des outils sophistiqués. Les
investisseurs expérimentés ne les utilisent pas comme des “tickets de loterie”,
mais de manière réfléchie, en combinant des positions, en surveillant les
greeks et en ajustant dynamiquement les expositions. Grâce aux spreads, aux
couvertures, aux straddles, aux iron condors, aux risk reversals, ils peuvent
exploiter non seulement les variations directionnelles, mais aussi la
volatilité du marché et l’érosion du temps.
Toutefois, le côté
“dangereux” ne doit pas être sous-estimé : pertes totales possibles, frais,
gap, mauvaise estimation de volatilité, mauvaise gestion du risque. C’est
pourquoi la rigueur, la discipline, et une bonne gestion du capital sont
essentielles.